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La syndic

Je possède un appartement que je loue depuis plusieurs années. Il y a de cela une dizaine d’années, et devant la négligence des agences, j’ai décidé de m’occuper moi-même de la gestion de mon appartement. Depuis ce moment je suis régulièrement en contact avec la syndic de l’immeuble. Contact est beaucoup dire: elle n’accepte d’être contactée que par mail et ne répond que très rarement à mes courriels. Or j’aurai eu souvent besoin d’une réponse rapide et claire. Par ailleurs, un certain nombre de dégâts dans mon appartement, qui se trouve sous les combles,  vient en fait d’un défaut d’entretien de la toiture. Récemment, c’est l’étanchéité de la terrasse qui a causé des dégâts.

J’ai encore une fois écrit à ma syndic, qui ne m’a toujours pas répondu. Je lui ai écrit jeudi. Nous sommes mardi. Je me dis en moi-même que je vais encore lui laisser une semaine avant de lui écrire, pour « lui laisser une chance ».

Cette phrase est curieuse. Si je la creuse et que je cherche à exprimer ce que j’y vois, je me rends compte que je veux lui laisser une chance de bien faire, de se révéler meilleure que ce que son attitude laisse entrevoir. Cette attitude, de laisser « une chance » à ma syndic, est curieuse. J’ai un problème, elle devrait me répondre dans les deux ou trois jours. Si elle ne le fait pas, je n’ai aucune raison de penser qu’elle le fera si je lui laisse dix jours.

Je suis donc sans doute dans une projection. Je suis en train de voir dans ma syndic un de mes deux parents, mon père ou ma mère. Je déprojette.

Une fois cette première déprojection effectuée, je repense à la situation pour voir comment je la perçois maintenant. La première excuse qui me vient à l’esprit que « je suis comme ça, il me faut du temps pour prendre une décision ».

Que je vienne expliquer mon attitude par le fait que je serais de telle ou telle manière, que j’aurai tel ou tel défaut, est sans doute vrai. Je me pratique depuis longtemps, je connais certains de mes défauts, il serait apparemment rationnel de reconnaitre que je n’agis pas toujours de manière optimale.

Mais du point de vue de l’analyse, cela ne m’aidera pas. En fait, il est vrai que pour moi, prendre une décision est quelque chose de difficile. Mais là encore, il s’agit d’un comportement que j’adopte régulièrement, qui ne me fait pas particulièrement plaisir, qui me nuit même en général. Je le sais, et pourtant je ne m’en corrige pas. Je peux donc supposer que ce comportement n’est pas le mien, mais un comportement que j’ai dû adopter en réponse à une agression, et que c’est pour cela que justement, j’adopte ce comportement à mon insu.

On pourrait dire qu’en considérant que mon attitude de procrastination n’est pas la mienne, je me décharge de toute responsabilité dans les évènements de ma vie. Mais la question n’est pas là. La question est juste de mettre à jour pourquoi j’agis de telle ou telle manière, puisque je subis ce comportement plutôt que je ne le choisis. Il faut donc revenir sur l’agression qui m’a été faite, pour apprendre quelque chose de la raison de ce comportement, et pourquoi mon inconscient agit comme il le fait.

Je vais donc déprojeter en me disant que si je laisse du temps à ma syndic, c’est que c’est justement le comportement qui m’est demandé.