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Le repas

Nous avons déjeuner avec un couple d’amis à midi. Nous avons passé un moment agréable, mais quelques heures plus tard, je me sens très triste et très fatiguée.

J’ai de bonnes raisons d’être fatiguée cet été, et particulièrement ces dernières semaines. J’ai souvent été fatiguée ces derniers jours, et la journée a été longue. Cette fatigue pourrait donc me sembler naturelle. Pourtant, malgré tout cela, je vais partir du principe que je ne serais pas si fatiguée si mon inconscient n’avait pas reconnu dans la journée quelque chose qui lui pose problème. Et d’ailleurs, je sais très bien que ma fatigue de l’été n’est pas non plus tout à fait normale. Il y a quelque chose qui traine depuis maintenant plusieurs semaines et que je n’ai pas réussi a déprojeter.

En voiture, la conversation avec mon mari se porte naturellement sur cet ami. J’essaye de récapituler ce qu’il nous a dit, ou les éléments qui peuvent me poser problème dans ma relation avec lui.

Il est récemment divorcé et a entamé récemment une relation qui semble sérieuse avec une nouvelle compagne. Il a deux enfants, un garçon et une fille, et sa compagne a elle-même deux filles, l’une très jeune, l’autre sensiblement plus âgée.

Cet ami est en surpoids, et ne se cache pas de vouloir faire un régime. L’an dernier, j’ai rédigé un petit livre sur les régimes, qu’il a finit par lire et n’a jamais suivi. D’ailleurs il ne s’en cache pas et me le dit ouvertement. Il prétend que mon régime couterait trop cher. Quand je lui demande combien il serait prêt à dépenser pour perdre du poids, il me dit qu’il ne voudrait pas y dépenser un centime. Par ailleurs, je sais que le surpoids de cet ami lui cause des problèmes de santé, et qu’il a très souvent cherché à faire un régime, sans jamais réussir à tenir son nouveau poids, comme c’est le cas en général. Il voit par ailleurs que mon mari et moi suivons mon régime, et il pourrait en voir le résultat sur nous. Je vois également qu’il cherche en ce moment à faire attention à ce qu’il mange, et qu’il se prive de ce qu’il aime. Tout cela entre autre sous la supervision de sa compagne.

La fille de cet ami traverse en ce moment une passe difficile et cherche à faire une analyse. Cet ami se plaint des tarifs des psychologues et psychiatres pratiqués à Paris, où elle habite en ce moment. Je pourrais lui proposer mon analyse, mais je ne le fais même pas. Je sais qu’il ne lui proposera pas, ce que je peux comprendre. Mais en fait la situation de sa fille est quand même, d’une certaine manière, préoccupante. Et en tant que père, il pourrait s’en inquiéter. Elle est très déprimée, il évoque la notion de suicide, et je sais que sa maman, au même âge, a eu les mêmes pensées. Elle se demande par ailleurs ce qu’elle va faire de son avenir. Elle n’est pas heureuse dans son stage de fin d’études, et cherche quel métier pourrait lui convenir.

Cette jeune femme se trouve seule à Paris, dans la maison de sa grand-mère paternelle qu’elle est seule à occuper. La maison est pleine des meubles de sa grand-mère, et se dégrade ostensiblement. Pourtant, mon ami ne cherche ni à la réparer, ni à la vider, ni à la louer. Il estime que louer les services d’une entreprise reviendrait trop cher. Il ne veut pas stocker les meubles dans un garde-meuble, et ne veut rien changer à la situation actuelle. Pourtant cette maison se dégrade, et pourrait rapporter un argent dont par ailleurs il aurait bien besoin. Je cherche à le convaincre de faire cet effort pour éventuellement pouvoir conserver cette maison par la suite, sans être obligé de la vendre au rabais, mais il ne veut pas en entendre parler.

D’une manière générale, les enfants de cet ami sont extrêmement intelligents, cultivés et bien éduqués, mais n’ont pas fait, à mon opinion, les études que la culture de leur parents et leur milieu social auraient dû leur permettre. De cela spécifiquement, je blâme les parents, qui auraient dû mieux orienter leurs enfants.

Alors qu’est-ce que mon inconscient voit dans tout cela ? Pour l’inconscient, le temps et l’espace n’existe pas, et il voit toujours un père, une mère, ou un homme qui prétend être un père, et une femme qui prétend être une mère. Dans cette histoire, mon ami est donc forcément mon père, ou l’homme qu’est mon père. Il me parle, mais il parle également de la situation de sa fille, et donc de moi.

Un homme, un père, sait pertinemment que sa fille s’inquiète pour son avenir. Elle ne sait pas qui pourrait l’embaucher, comment gagner sa vie. Cet homme fait mine de se soucier d’elle et de vouloir la soutenir, mais en réalité il ne peut ignorer qu’il est largement responsable de la situation.

Au cours du repas, je n’ai même pas suggéré que sa fille suive mon analyse, et consciemment, je comprends très bien qu’il ne souhaite pas qu’elle la suive, même si nous n’en avons jamais parlé.

Si pour mon inconscient, dans cette conversation, je suis à la fois moi, à qui ce père parle, et sa fille, alors il y a un homme, qui prétend être un bon père, et veut être perçu comme tel, qui ne veut pas que sa fille parvienne à se sentir mieux en faisant mon analyse. Manifestement il ne veut pas que ses intentions de père soit attaqué, ce qui est parfaitement légitime de la part d’un père.

Mais puisqu’il s’agit de ma projection, et que c’est moi qui vit cette scène, s’il ne veut pas que je (sa fille) fasse une analyse qui risque de le remettre en question dans son rôle de père, et qu’il se soucie de moi (sa fille), alors il devrait au moins pratiquer mon régime, puisque cela ne compromettrai pas son rôle de père, que mon régime marche et qu’il souhaite maigrir. Or justement il ne le fait pas, il trouve que ce régime coute trop cher. Il ne veut donc pas dépenser le moindre centime, même pour obtenir les services de ce qui lui ferait de bien et dont il a besoin. J’ai donc raison de m’inquiéter de mon avenir, puisque mon père déclare ouvertement ne pas vouloir payer, même pour quelque chose d’aussi important pour lui.

En vérité, cet homme ne veut pas que quoi que ce soit change. Plus exactement, il montre ostensiblement qu’il préfère laisser des choses, ou des personnes pour l’inconscient, se dégrader et dépérir, plutôt que de les préserver pour qu’elles lui apportent de la valeur. Il prétend souffrir d’une situation (son poids, la détresse de sa fille), tout en me montrant son indifférence ou son hostilité vis-à-vis d’activités que je sais être bénéfiques. Bref, il me montre à quel point je suis inutile. Il accompagne ce discours du fait que certaines choses lui couteraient trop cher. Cet homme considère donc que le bien être de ceux qui l’entourent lui enlève une valeur qu’il ne veut pas céder.

Tout cela se passe sous les yeux d’une femme, qui est sa compagne, mais qui n’est pas la mère de ses enfants. Si mon ami est mon père, et que dans la situation je suis à la fois moi et la fille de mon ami, alors mon inconscient doit voir ma mère dans sa compagne.

Que me dit la réalité? Que cette femme, qui n’est pas véritablement la mère de la fille de mon ami, et connaît à peine. Cette femme semble donc dire que je suis une étrangère pour elle. Mais pourtant si mon inconscient voit en elle ma mère, alors elle ne peut ignorer que je suis sa fille. Même, elle considère deux autres femmes comme plus proches d’elle que je ne pourrais l’être.

Il se trouve justement que ma mère a grandit entre sa mère et sa plus jeune sœur, et que je soupçonne qu’elle ait toujours considérer cette jeune sœur comme sa propre fille.

Un couple, un homme et une femme, qui sont sensés être mon père et ma mère, me montre, pour l’homme qu’il veut que je n’aie aucune valeur, aucun moyen de gagner ma vie, et pour la femme, qu’elle ne considère même pas que je suis sa fille. Tout est donc fait pour que, sous couvert de gentillesse, de