L’intoxication alimentaire

Je suis victime d’une intoxication alimentaire depuis quelques jours. J’en souffre passablement.

Vendredi dernier, je suis rentrée d’une soirée très tard. J’ai pris une salade achetée préparée dans le frigo. Je me souviens d’avoir effectivement vérifié la date de limite de consommation sur le paquet, mais curieusement à ce moment là, je ne me suis plus souvenu de la date exacte du jour. Persuadée que cela ne devait pas poser de problème, j’ai mangé la salade sans me poser plus de question. Ce n’est qu’après avoir mangé la salade que je me suis rendu compte que la date de péremption était dépassée. Dès le lendemain, je souffrais d’une intoxication alimentaire qui dure encore aujourd’hui, le lundi suivant.

Cet incident n’est pas particulièrement grave en soi, il ne me cause pas une émotion particulière. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi, moi qui fait en général attention à la fraicheur de ce que je mange, n’ai pas fait plus attention à la date de péremption. Par ailleurs cette salade contenait des l’œuf, et je sais parfaitement que l’œuf peut être très dangereux s’il n’est pas consommé.

Dès que vous j’ai mangé la salade, je me suis rendu compte de mon erreur. Je sais que les œufs sont extrêmement toxiques quand ils ne sont pas frais. Là, il s’agit d’un œuf dur, mais quand même, c’est d’ailleurs un détail qui me surprend, que je n’ai pas pensé à vérifier mieux la date d’expiration.

Il y a donc une succession de faits assez curieuse, qui aboutit à un résultat très ennuyeux pour moi, et une interrogation de ma part. Puisque cet incident me pose problème, que j’y reviens et que je n’arrête pas de me dire que je ne comprends pas ce qui a pu se passer, je vais considérer qu’il s’agit d’un message de mon inconscient. Je vais donc chercher à analyser ce qui s’est passé.

Rien de spécial ne s’est passé dans la journée du vendredi, mais la soirée avait été excellente:

J’aime passionnément la danse. Ce soir là, un excellent danseur n’a pas hésité à passer du temps avec moi pour me montrer des pas de danses que je ne connaissais pas. En septembre, il commencera à donner des cours de danse.

A la fin de la soirée il a plu à verse, mais nous nous amusions tellement, mes amis et moi, que nous avons continué à chanter tous ensemble, seulement abrités sous un grand parasol.

L’intoxication alimentaire qui s’est déclenchée dès le lendemain m’a empêché d’aller à une autre soirée dansante, ce qui m’a affecté.

Puisque rien de spécial ne s’est passé dans la journée, je vais considérer que mon inconscient a dû voir quelque chose dans la soirée. Je vais également considérer qu’il n’y a pas d’erreur et pas d’accident pour l’inconscient. Puisque j’ai vu la date d’expiration, et que, comme par hasard, je ne me suis pas souvenu de la date du jour sur le moment, mais que paradoxalement je m’en suis rendue compte tout de suite après, c’est que mon inconscient a fait en sorte que je m’intoxique pour me dire quelque chose.

Là encore, je retrouve un grand principe de ce que je crois avoir constaté : c’est que mon inconscient va me faire agir pour dire quelque chose d’une agression qui m’est arrivé. Et pour le dire, il ne va pas hésiter à me placer dans des situations potentiellement dangereuse pour moi. Je reviendrais sur ce point plus tard.

L’agression, qui se manifeste à travers mon indigestion, vient après cette merveilleuse soirée. Il faut donc que j’interprète ce qui m’a marqué le plus dans cette soirée :

J’ai déjà mentionné que j’adore la danse. En général, je danse avec de bons danseurs, mais il est rare que mes cavaliers prennent le temps de m’apprendre de nouveaux pas. Ils préfèrent danser avec moi sur des danses que je maitrise parfaitement, et dans lesquelles je les mets pleinement en valeur. C’est une situation dont je souffre, car finalement je suis systématiquement mise dans une situation dans laquelle je sers de faire valoir, et dans lesquelles personne ne veut m’apprendre quelque chose.

Accessoirement, le fait que je puisse dire que quelque chose est toujours la même chose, et que j’en souffre, m’indique clairement qu’il y a là quelque chose à analyser.

Or justement ce soir cela n’a pas été le cas. J’ai eu le plaisir d’apprendre quelque chose d’un homme. Cet homme, qui va officiellement commencer une activité de professeur de danse au mois de septembre, a pris du temps pendant cette soirée pour m’apprendre quelque chose, pour me rendre meilleure. Il a considéré que j’étais importante, et il m’a consacré du temps d’une manière purement gratuite.

Il y a donc une différence très nette entre mon expérience de ce soir et mes expériences habituelles. Elle concerne l’attention que j’ai pu obtenir d’un homme. Puisqu’il s’agit d’un homme, le plus simple est de penser que mon inconscient a vu dans cet homme l’homme qu’est mon père. Il se trouve que mon père était un très bon danseur, et que c’est une chose qui nous a rapproché, quand j’étais toute jeune.

Donc mon père m’a consacré du temps, au détriment probablement d’autres partenaires, pour moi. Il n’a pas craint non plus de montrer qu’il me considérait comme digne de valeur, digne d’intérêt. Puisque cet homme est également mon père, les autres partenaires qu’il a délaissé à mon profit doivent être ma mère, ou la femme qui est également ma mère.

Je vais coller cette interprétation à mon souvenir de la soirée, à l’émotion que constitue le plaisir qu’un danseur de cette qualité ait à cœur de m’apprendre quelque chose. Quand je fais cela, mon sentiment par rapport à la soirée change, et mon émotion tombe. J’ai donc la confirmation que mon interprétation a été la bonne.

Si mon émotion n’était pas tombée, j’aurais su que mon interprétation était mauvaise, et j’aurais cherché à cerner plus précisément mes émotions, pour pouvoir y apporter une autre interprétation. Si mon émotion était tombée d’une manière partielle, je serais partie du principe que mon inconscient cherchait à me dire que j’avais oublié un détail dans mon interprétation, et j’aurais essayé de l’identifier. Je me serais concentrée sur l’émotion restante, et j’aurais chercher à décrypter le message qu’elle véhiculait.

Un détail prend soudain de l’importance à mes yeux : c’est que cet homme n’est pas encore un professionnel, mais qu’il va l’être dans un mois. Consciemment, j’y vois le signe de sa valeur en tant que danseur. Mais puisque ce détail a de l’importance, je vais considérer que peut-être mon inconscient y voit autre chose que moi.

Il se trouve que mon anniversaire est dans un mois. Ceci éclaire mon interprétation. Si je réduis cette situation à sa structure de base, je pourrais dire qu’un homme vient de s’occuper de moi. Il l’a fait non pas dans le cadre de sa (future) profession, mais bien en tant qu’homme.

Donc je viens de passer une soirée pendant laquelle l’homme qu’est mon père vient de manifester à tout le monde, et bien sur à d’autres femme, et donc à ma mère, que je compte à ses yeux. Et qui suis-je dans ce contexte ? Je ne suis pas une élève, je ne suis pas quelqu’un qu’on élève, donc je suis avant tout une femme.

Tout cela s’est passé aux yeux de tous, et n’a pas posé de problème, puisque nous étions tous contents en fin de soirée. J’étais encore sur un nuage quand je suis rentrée à la maison. J’ai réellement pensé qu’il était possible qu’un homme puisse s’intéresser à moi, et qu’il juge normal de m’apprendre (de m’élever, de jouer son rôle de père).

J’ai effectué ce travail d’analyse, mais il me reste à expliquer l’intoxication. Mon inconscient a vécu une scène. Tout de suite après cette scène, il me dit quelque chose qui me pose problème, que je n’arrive pas à m’expliquer : le message est donc là. Puisque cela me pose problème, il s’agit d’une agression dont j’ai été la victime.

J’ai parlé de cet homme qui va devenir un professionnel dans un mois. J’ai également mentionné que mon anniversaire aura également lieu dans un mois. L’intoxication concerne un œuf. Je vais donc supposer que mon inconscient me signifie que ce qu’il me dit parle d’une situation légèrement avant ma naissance.

Est-ce valide ? Puisque je suis partie du principe que l’inconscient était cette part en moi qui s’occupe de tout ce qui concerne ma survie, il ne serait pas anormal de penser que l’inconscient est déjà à l’œuvre avant la naissance.

Je reprends : un mois avant le jour de ma naissance, un homme manifeste ouvertement son intérêt pour moi. Il manifeste qu’il me considère comme importante. Que se passe-t-il immédiatement après ? Je m’intoxique.

Mais est-ce vraiment le cas ? Bien sûr je pourrais dire que c’est moi qui me suis intoxiquée par négligence, et cela pourrait être le cas. Mais mon émotion, le fait que mon esprit revienne constamment sur cet évènement que je ne parviens pas à m’expliquer, plaident pour une agression. Si cet évènement me touche, c’est que mon inconscient y voit quelque chose que j’ai subi malgré moi, et non un évènement qui serait dû à ma négligence. Si cet évènement avait été dû à ma seule négligence, si cela avait été un pur accident, à supposer qu’une telle chose existe, si mon inconscient n’avait pas vu quelque chose de vrai dans ma famille dans cet évènement, il est probable que je n’y accorderais pas plus d’importance que cela. Mon esprit ne reviendrait pas systématiquement sur cette interrogation : pourquoi cela m’est-il arrivé, et justement dans ces conditions là ?

Je vais donc reformuler ce qui m’est arrivé, et je vais dire : un mois avant le jour de ma naissance, un homme m’accorde de l’importance, veut me transmettre quelque chose, s’intéresse à moi. Il n’est pas encore mon père. Peut-être est-il justement cet homme qui est aussi mon père. Il le montre d’une manière très nette. Tout de suite après cela, une femme qui me nourrit m’intoxique. Quand j’y pense d’ailleurs, j’assimile ce qui m’arrive non pas seulement à une intoxication, mais bien à un empoisonnement.

Puisque rien n’arrive par hasard, je vais considérer que l’intoxication est directement liée à ce qui s’est passé durant la soirée. Donc si cette femme a voulu m’empoisonner, c’est bien parce que juste auparavant un homme a manifesté que j’étais importante, qu’il s’intéressait à moi. Et puisque cela pose problème à cette femme qui me nourrit, c’est que cet intérêt lui pose problème. Pourquoi? Peut-être justement parce que cet intérêt n’est pas de l’ordre d’un père vis-à-vis d’une enfant, mais plutôt ou aussi d’un homme vis-à-vis d’une femme. Ce qui me semble normal et naturel, de mon coté, ce qui me montre qu’un homme m’apprend quelque chose, m’élève, et remplit donc son rôle de père, en me transmettant quelque chose de l’ordre d’un savoir, a été interprété par une femme comme problématique. Pour elle, ce que cet homme a montré ce soir, c’est qu’il voyait mon corps, et qu’il était intéressé par mon corps essentiellement. Nous avons eu une relation qui peut être qualifiée de « physique ». Donc cet homme qui s’est intéressé à moi c’est en fait intéressé à mon physique, et c’est cela qui pose problème à cette femme. Et c’est bien pour cela qu’elle a cherché à m’empoisonner.

Quand je colle cette interprétation à l’émotion que suscite mon empoisonnement, mon émotion tombe complètement. Tout d’un coup, je me souviens que ma naissance ne s’est pas bien passée, et que ma mère a été hospitalisée pendant de nombreuses semaines après ma naissance. D’une manière générale, je suis toujours en conflit avec les personnes qui sont sensées prendre soin de moi, mes médecins, etc.

Cette interprétation a quelque chose de très troublant : d’abord parce qu’elle dit quelque chose qui semblerait s’être passé avant ma naissance, et ensuite parce qu’elle donne une interprétation très noire de ce que j’aurai subi. Plusieurs remarques devraient être faites à son propos.

J’aurais pu me contentée de me dire que ce qui m’arrive est le fait qu’encore une fois il ne faut pas que je prenne soin de moi, et que c’est ma mère. Cela aurait été vrai, en quelque sorte, mais puisque c’est une réalité que mon conscient connait, elle ne m’apporterait rien du point de vue de l’information. J’aurais également pu me dire qu’une intoxication est ennuyeuse, et qu’il est normal de s’en vouloir d’avoir été la cause de cela. Mais j’aurais perdu une occasion majeure d’apprendre quelque chose de mon inconscient.

Ensuite, quelque soit le caractère troublant de la conclusion, cette interprétation nait d’une série de déprojection. Et puisqu’il y a eu déprojection, c’est-à-dire que des émotions sont systématiquement tombées à chaque interprétation faite, il doit forcément y avoir ne serait-ce qu’une part de vérité dans cette interprétation. En somme, je n’ai fait que tirer un fil : Un évènement qui me trouble m’amène à me poser des questions sur la soirée que je viens de passer. Une première déprojection de mon père m’amène à la pensée que c’est un homme qui va devenir un professeur. L’idée de ma naissance m’apparait. Je déprojette, et la question de l’intoxication m’interpelle à nouveau, et plus particulièrement la question de l’œuf. Je l’interprète comme une conséquence, je déprojette ma mère, et deux choses se passent immédiatement, que j’interprète comme des signes positifs : D’une part, un souvenir me revient, ce qui est un bon signe que j’ai touché juste dans mon interprétation. D’autre part l’émotion tombe, ce qui est le signe le plus clair qu’un différentiel d’information entre mon conscient et mon inconscient vient de disparaître.

Il ne s’agit peut-être pas de toute la vérité. Peut-être me suis-je trompée partiellement. Après tout, il n’est pas toujours facile de savoir ce que cherche à me dire mon inconscient. Mais puisqu’il y a eu déprojection, je peux garder cette interprétation en tête, et vérifier par la suite si d’autre situations me renvoient la même structure d’histoire, le même « pattern ».

J’aurais pu également partir du principe que je me suis punie de quelque chose que j’avais fait de mal, que je me sentais inconsciemment coupable de quelque chose, peut-être de détruire un couple, etc. Et peut-être cela aurait pu être vrai : ce qui compte, c’est que l’émotion tombe. Or l’émotion tombe systématiquement quand l’interprétation va dans le sens de l’agression. Bien sûr, c’est moi qui me suis intoxiquée. Concrètement, j’ai pris cette salade, je n’ai pas fait attention, je me suis fait du mal, je souffre, et je suis coupable. Mais d’un autre côté, comment mon inconscient pourrait-il me dire que c’est une femme qui me nourrit qui me veut du mal ? Comment pourrait-il m’informer autrement que en me faisant jouer le rôle d’un autre ?